Dans l’idéal d’une ferme de spiruline durable et écologiquement soutenable, l’aquaculture de spiruline devrait être inscrite dans une unité agricole où cette dernière transforme des fertilisants (produits au préalable sur la ferme) en spiruline et en déchets qui eux mêmes servent d’engrais/aliments à d’autres, cultures/élevages, etc.
Cet idéal m’anime et c’est la raison pour laquelle la Spiruline d’Olt est issue d’un milieu de culture écologique élaboré en partie à la ferme.
L’eau de pluie dynamisée et filtrée au charbon actif, les préparations à partir de matières premières végétales, minérales et animales sont les éléments qui caractérisent ma technique de culture.
La biomasse verte est récoltée à la main et séchée à basse température en séchoir solaire pour une meilleure préservation des pigments et vitamines.
Ma sensibilité écologique ainsi que ma passion pour la spiruline et sa culture m’amène à m’investir dans la recherche vers une aquaculture biologique de la spiruline.
La spiruline est une cyanobactérie qui se développe grâce à la photosynthèse. C’est à dire qu’elle transforme la matière minérale (les nutriments qu’elle trouve dans son milieu de vie) en matière organique (protéines, fibres, etc.) grâce à l’eau, au CO2 et au photons (lumière).
Sa nourriture doit donc être exclusivement minérale.
Par conséquent, si nous voulons cultiver la spiruline à partir de matières organiques disponibles dans l’environnement proche de la culture, nous devons :
– Soit transformer cette matière organique en matière minérale en amont des bassins grâce à des processus de fermentation, de distillation ou autres.
– Soit faire en sorte que la matière organique se transforme dans les bassins à l’image des processus naturels. En effet, dans les lacs naturels de spiruline, une vase conséquente noirâtre issue de diverses sources organiques (débris végétaux, déjections animales, cadavres de bactéries ou autres, etc.) tapisse le fond des lacs et sert de nourriture à la spiruline. Les éléments minéraux disponibles sont issus de ces fermentations anaérobies, c’est-à-dire sans oxygène.
Dans les deux cas, nous devons éviter de charger le milieu de culture en matière organique tout en donnant une nourriture minérale suffisante pour que la spiruline pousse et puisse offrir toute sa palette nutritive exceptionnelle.
Hors, cette palette nutritive exceptionnelle ne vient pas du ciel ! Afin que la spiruline puisse la produire, elle doit puiser une quantité proportionnelle de minéraux. Et comme la spiruline est un des aliments les plus riches qu’il soit, nous devons lui fournir une quantité aussi importante que l’exige sa composition en éléments minéraux. Notre objectif est là : Nourrir la spiruline suffisamment avec un complexe minéral bien dosé, correspondant à ses besoins et sans charge organique « salissante ». Tout en respectant une certaine éthique dans la fabrication de ces fertilisants.
Voilà succinctement la problématique technique principale expliquant la difficulté à produire une spiruline de qualité biologique.
À cette difficulté technique, s’ajoute la contrainte règlementaire permettant d’accéder au label bio. Aujourd’hui la règlementation bio européenne interdit l’utilisation de produits ou sous-produits animaux dans la confection des intrants.
Néanmoins certaines fermes françaises tentent l’auto-production d’un fertilisant 100% végétal. Des pistes sont prometteuses mais il nous reste encore du chemin…
À ce jour plusieurs grosses entreprises multinationales proposent des fertilisants végétaux. Peu sont utilisables en aquaculture de spiruline pour les raisons citées plus haut (= trop de matière organique).
La plupart de ces intrants sont fabriqués à partir des grandes cultures les plus polluantes du monde (canne à sucre, maïs et soja). Aujourd’hui sur le marché européen un fertilisant 100% végétal semble bien jouer son rôle dans des bassins de spiruline ; il s’appelle « ferticell » et est fabriqué à base de soja provenant du Brésil.
Je m’oppose à l’utilisation de ce produit qui participe à la déforestation de l’Amazonie, à l’utilisation massive de pesticides ainsi qu’aux conséquences sociales et environnementales désastreuses que cette monoculture engendre. Même si le fabricant certifie un produit non-OGM, il faut noter qu’aujourd’hui seulement 4% des surfaces de soja cultivé au Brésil sont non-OGM. Connaissant la propension du végétal à polliniser son environnement, je vous laisse imaginer qu’est-ce que veux dire un soja non-OGM brésilien !
De plus, je précise que le végétal servant de matière première à la fabrication d’un fertilisant utilisable en bio n’a pas obligation d’être cultivé en bio !
La règlementation bio européenne nous autorise également des intrants d’origine minérale naturelle. Notamment le Nitrate du Chili.
Le Nitrate du Chili est un produit naturel issu de la sédimentation de guano marin. Il est extrait au Chili dans le sous-sol du désert d’Atacama.
Depuis cette année 2024, j’utilise le nitrate du Chili afin de nourrir la spiruline d’Olt en azote. La spiruline réagit très bien à ce fertilisant dépourvu de matière organique. L’utilisation de cet intrant a pour avantage technique d’être facilement utilisable, non salissant et l’azote présente sous forme de nitrate se stocke dans les bassins. De plus, son utilisation m’a permis d’obtenir la certification AB.
Mais il est clair que pour moi l’utilisation du nitrate du Chili n’est qu’une solution transitoire. Cet intrant n’est pas soutenable d’un point de vue écologique. C’est une ressource minière, certes d’origine organique, mais dont le renouvellement est long. De plus le Chili est à 11700km de l’Europe. On est loin de l’idéal écologique en utilisant les ressources locales !
J’ai fait un compromis éthique car aujourd’hui il est encore compliqué de trouver un fertilisant d’origine organique, produit en France et adapté à la culture de la spiruline. Comme je l’ai précisé plus haut, c’est une solution transitoire en attendant que nos recherches aboutissent.
En attendant le graal, je garanti que la spiruline d’Olt est cultivée sans utilisation d’intrant contenant des OGM, sans engrais de synthèse et sans pesticide.
Et bien sûr je n’oublie pas l’ingrédient principal qui est l’Amour ! L’Amour du métier, l’Amour de la spiruline et celui de poursuivre mon but, vous offrir un aliment d’excellente qualité nutritive et vibratoire.